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Par Margot Roy
Le 10 octobre 2019, IBC, la Junior-Entreprise de l’IAE Bordeaux, a organisé une conférence sur l’entrepreneuriat. Cet évènement a été une occasion de mieux appréhender les différentes facettes qui découlent de cette aventure professionnelle, d’en comprendre les enjeux, mais également de renforcer, voire de créer la fibre entrepreneuriale dans le public composé d’étudiants et de porteurs de projets.
Quatre professionnels bordelais sont venus parler de leur expérience : Marc Augustin, international Business Developper et coach en start-up chez Technowest ; Olivier Aureille, président de YEGO Bordeaux et gérant de la société E-SCOOT ; Jérémie Ballarin, co-fondateur de la communauté d’entraide sur Facebook Wanted Community ; et Arnaud Péré, co-fondateur et président de Monsieur Tee-shirt et Madame Tee-shirt.
Comment financer le lancement de son entreprise ?
La stratégie de subvention à adopter
Il n’y a pas de règle pour démarrer une activité. En effet, prenons en premier lieu l’exemple d’Arnaud Péré. Il a décidé de créer Monsieur Tee-shirt avec moins de 10 000 euros en poche alors qu’il n’avait pas fini ses études. A l’inverse, Olivier Aureille s’est lancé dans l’aventure YEGO après avoir occupé durant 10 ans un poste important chez l’Oréal dans la logistique. Ces deux cas montrent que peu importe les capacités de financement, si vous avez une idée innovante, le reste suivra. Le coach en start-up de Technowest le confirme : « l’argent est là : pensez d’abord proposition de valeur, cibles et ensuite on vous trouve le financement ». En effet, il existe plusieurs dispositifs comme des subventions provenant de la région, les prêts d’honneur, l’accompagnement de la Chambre de Commerce…
L’argent ne doit pas faire l’objet des premières préoccupations dans la création d’une entreprise. Nos quatre intervenants confirment ce point : il faut avoir un but autre que financier. Ceux qui veulent gagner de l’argent coulent, l’objectif doit être de créer, de mettre en place un nouveau concept.
Quelques astuces pour limiter les frais
Lancer sa start-up avec un budget réduit n’est pas forcément un désavantage ! Cela vous fait réfléchir à deux fois sur la stratégie à adopter, cela vous évite de foncer tête baissée et vous permet ainsi de réaliser de grosses économies. Quoi de mieux que de laisser vos gros concurrents lancer de nouveaux concepts ? Observez, analysez leurs résultats et ensuite suivez ou non la tendance ! Par ce biais, vous investirez avec plus de sûreté.
Autre astuce pour réduire les coûts : embauchez le plus de compétences en interne pour ne pas payer de prestataires externes. Plus votre équipe sera qualifiée, moins vous dépenserez pour compenser un manque de compétences. L’objectif premier est de maximiser la mise en valeur des ressources que l’entreprise a déjà à disposition.
Dans la même idée, lancer son entreprise uniquement sur le web permet un coût zéro. En effet, c’est un moyen de ne pas investir à perte dans un lieu de vente. Exister uniquement en ligne permet d’observer l’évolution de son affaire tout en limitant les frais. Puis, c’est avec l’évolution du chiffre d’affaires que la transition vers un lieu de vente peut se faire : pour Monsieur Tee-shirt, le digital s’est désormais transformé en physique avec des boutiques ouvertes à Bordeaux et Toulouse.
Le but est d’être stratège : certaines dépenses peuvent être évitées. C’est le cas de YEGO qui n’a rien dépensé en marketing. En effet, cela n’était pas nécessaire, leurs scooters sont voyants par leur couleur verte et sont reconnaissables par leur design vintage. C’est un réel avantage en termes de budget. Et si la marque souhaite faire passer un message elle utilise les réseaux sociaux, de cette manière la communication n’engendre aucun coût.
La communication, un point important ?
L’importance d’une bonne communication interne
La communication est primordiale, nos quatre conférenciers y ont porté un point d’honneur. Échanger est la base du succès que ce soit avec les prospects et les clients, mais également entre les propres membres de l’entreprise. Créer un groupe sur des applications telles que WhatsApp ou Slack permet un échange constant entre tous les acteurs, tout le monde est au courant des avancées du projet. Ainsi, il n’y a pas de place pour l’incompréhension : tout doit être mis à plat afin d’avancer efficacement. De plus, favoriser les relations entre les différents pôles est également un point à ne pas négliger. L’entreprise est une entité, une équipe, il est important de s’assurer d’une bonne communication entre les différentes compétences. De cette manière, la transmission des informations est plus fluide, et qui dit une meilleure communication, dit une meilleure productivité.
Pour favoriser cette communication interne, il est conseillé de regrouper les différentes fonctions au même endroit, de planifier les temps de pause sur les mêmes créneaux afin de créer une entité. Des cadres aux stagiaires, chaque individu représente une valeur ajoutée pour l’entreprise. De plus, organiser des séminaires et des team building a un réel impact sur la productivité car cela renforce l’esprit d’équipe. En effet, selon l’AGEFI (Agence Economique et Financière), organiser des activités de cohésion permet aux entreprises d’augmenter leur efficacité de 30% (2016).
La concurrence, entre obstacle et tremplin
La concurrence est synonyme de perte de parts de marché ? De rivalité ? De guerre des prix ? Pour un bon nombre d’entre nous, la concurrence représente une menace. Néanmoins, durant la conférence, nos entrepreneurs ont soulevé un autre aspect qui est fondamental : la concurrence c’est une opportunité car c’est la preuve que le marché existe. Ainsi, c’est à l’entreprise de décider d’une stratégie afin de se positionner au mieux par rapport à ses concurrents. Pour cela, la communication joue un rôle important. Le challenge réside ainsi dans la mise en avant de la marque afin de toucher au mieux ses cibles.
De plus, il arrive que des concurrents coopèrent entre eux, on parle de « coopétition ». Entre coopération et compétition, la frontière n’est pas aussi large que l’on pourrait croire. Cette stratégie est assez prisée car elle offre divers avantages comme gagner en innovation, toucher un plus large public, ou encore diminuer les coûts de R&D. De cette manière, il est possible de tirer avantage de la concurrence. Ainsi, la communication, qu’elle soit interne ou externe, joue un rôle décisif dans la réussite du lancement d’une entreprise.
L’aventure entrepreneuriale : en solitaire ou en équipe ?
Avec qui s’associer ?
Pour lancer une entreprise, vaut-il mieux être seul ou à plusieurs ? La question est survenue lors de la conférence car le hasard a fait que les trois entrepreneurs présents s’étaient chacun lancé dans l’aventure entrepreneuriale avec respectivement deux associés. Par exemple, Jérémie Ballarin a co-créé avec Christian Delachet et Luc Jaubert, deux amis bordelais, la communauté d’entraide Wanted Community. Cependant, tout comme pour le financement, il n’y a pas de règle. Que ce soit le nombre d’associés ou les relations entre ces derniers, cela ne prédit en rien quelle tournure va prendre la gestion de l’entreprise. En effet, Marc Augustin de Technowest qui travaille avec des entrepreneurs le confirme : chaque cas de figure a des avantages et des inconvénients.
Créer une entreprise avec des amis peut être avantageux car les individus se connaissent déjà, la communication est plus facile. Cependant, les défauts de chacun ou les désaccords peuvent créer des tensions et donc avoir des conséquences sur leur relation. Le conseil est donc de considérer ses amis comme des associés pour ce qui concerne l’entreprise et de créer une frontière entre le personnel et le professionnel. Nos trois entrepreneurs l’ont confirmé : créer avec des amis est possible. Le cas de Wanted Community illustre cet accomplissement : les trois associés viennent d’ouvrir très récemment le Wanted café, un café solidaire dans le quartier des Capucins à Bordeaux (2% du chiffre d’affaires réalisé est reversé chaque mois à une association choisie par les consommateurs) et un projet d’ouverture d’un Wanted Community Café à Paris est prévu !
Une responsabilité partagée
En ce qui concerne le nombre d’associés, Olivier Aureille, Jérémie Ballarin et Arnaud Péré se sont accordés sur le fait qu’un nombre impair permet d’éviter les débats sans fin. Cependant, malgré le fait que ce soit la direction qui ait le dernier mot pour la prise de décisions, l’avancement des projets relève de la responsabilité de chaque membre de l’entreprise. D’après Olivier Aureille « Les salariés pensent « out of the box » », il est important d’écouter les idées de tout le monde, c’est ainsi que l’entreprise peut évoluer.
De plus, si les salariés ne se sentent pas concernés, s’ils exécutent uniquement les tâches qui leur sont demandées sans avoir d’esprit critique ou de volonté d’aider les autres, la qualité de l’activité ne sera pas la même. Ainsi, il est important que chacun se sente acteur de l’entreprise, on ne parle plus de leadership mais de management. Que ce soit le fondateur de l’entreprise ou le stagiaire, l’objectif doit être le même : mener à bien de grands projets.
Ainsi, nos conférenciers ont répondu à diverses problématiques, ont mis en avant des points importants découlant de l’entrepreneuriat et se sont accordés sur un point fondamental : entreprendre c’est une aventure, c’est accepter de prendre des risques, accepter de perdre. Comme l’a illustré Marc Augustin de Technowest : « Quand on apprend à marcher, on tombe forcément. L’entrepreneuriat c’est pareil : si tu veux nager, saute dans la piscine ! ». Et vous, seriez-vous prêt à plonger dans l’aventure entrepreneuriale ?
Un grand merci aux professionnels Marc Augustin, Olivier Aureille, Jérémie Ballarin, et Arnaud Péré pour avoir pris le temps de venir partager leur expérience et leur vision sur l’entrepreneuriat. Merci également à l’IAE Bordeaux pour avoir prêté ses locaux et à l’équipe d’IAE Bordeaux Consulting : Thomas Riou, organisateur de la conférence, Estelle Larivière, chargée de la communication autour de l’évènement, et Quentin Bellocq, gestionnaire de la trésorerie et de l’organisation.